Jean Pierre Favreau
œuvre
Œuvres récentes
Rochefort sur Mer, 2006-2008
Prise de vue Jean Pierre Favreau, 6×6 Rolleiflex
Commande publique
Tirage numérique sur papier Hahnemühle fine art, supervisé par le photographe
20 exemplaires tous formats confondus, numérotés et signés au dos au crayon
Le Japon, 2001-2016
Prise de vue Jean Pierre Favreau, 6×6 Rolleiflex
Tirage argentique sur papier baryté Ilford, supervisé par le photographe
20 exemplaires tous formats confondus, numérotés et signés au dos au crayon
TEXTE
À propos
Jean Pierre Favreau : Nuage flottant
Suivre Jean Pierre Favreau dans les rues de Tokyo ou de quelque autre grande ville japonaise, c’est se mettre dans les pas d’un homme qui a lui-même pris en filature des inconnus. Leur seul point commun : ce sont des êtres silencieux au regard fixe et perdu qui semblent comme absents, en retrait de l’effervescence urbaine,
Les rues des grandes cités sont faites pour le passage : le flux des piétons et des véhicules s’y écoule sans relâche. Y marquer un temps d’arrêt sans nécessité extérieure apparaît comme une anomalie, particulièrement dans un pays où les comportements sociaux sont à ce point codifiés et respectés.
Jean Pierre Favreau déambule comme un somnambule, en quête d’un nouveau rendez-vous aléatoire avec ces blocs de solitude qui dérivent, tels des icebergs parmi le flot des passants. Il attend d’être surpris, une nouvelle fois, par une expression, un geste, une attitude.
Peut-être sa fascination lui vient-elle de cette expérience de l’absence au monde qui l’a frappé dans son enfance, lorsque son père ou sa mère se retiraient en eux-mêmes durant quelques instants, sans explication ; comme si, partis vers des régions de l’esprit inconnues et inaccessibles, ils risquaient de ne plus revenir.
C’est pour retrouver ces regards égarés qu’il voyage et photographie. Depuis son premier séjour à New York en 1982, il parcourt les cités d’Europe et d’Asie, croisant ces individus en suspens, en état d’abandon, sans chercher à pénétrer par effraction dans leur monde intérieur, étranger, et de toute façon inaccessible. Il les photographie à leur insu : comment faire autrement si l’on ne veut pas briser le fragile isolement, la bulle temporaire et temporelle où ils se sont enfermés, tels les personnages des tableaux d’Edward Hopper. Paradoxalement, c’est à l’instant où ils rentrent en eux-mêmes qu’ils nous paraissent les plus proches et même les plus familiers, quel que soit leur éloignement culturel.
Qu’on ne s’y trompe pas : les images de Jean Pierre Favreau ne sont pas rêveuses. Elles sont d’abord animées par une sourde mais violente tension : l’extrême précision du cadrage « au rasoir », la rigueur de la composition, la géométrie du décor urbain, tout cela souligné par l’emploi du noir et blanc, oppose au fugitif la force contraignante du réel. Nous voici confronté à l’implacable rappel à l’ordre auquel la ville – le monde – rappelle chacun pour peu qu’il se livre, fut-ce pour quelques secondes, à ces tentatives d’évasion.
Jean-Christian Fleury
Peinture de Jacques Astoule (extrait)
CV
CURRICULUM VITAE
1940, La Rochelle, France
Jean Pierre Favreau rejoint l’équipe de l’agence Viva à Paris au début des années 1970. Parallèlement à un travail de photo reporter pour la presse, il parcourt le monde : Etats-Unis, Amérique Latine, Asie du Sud Est. Ces voyages amorcent une démarche d’auteur qu’il entame véritablement au début des années 1980.
Il choisit alors de privilégier son regard sur l’homme dans la ville face à son questionnement intérieur, surpris dans ses moments d’errance où il échappe à l’univers urbain.
Une partie du travail sera rassemblée beaucoup plus tard dans un ouvrage Incertaines Cités publié aux éditions Filigranes en 1998.
En 1982 il obtient une bourse du Ministère de la Culture pour un travail sur New York.
Entre temps, de 1985 à 1991, il séjourne régulièrement au Cap Vert. Un livre Blues Outremer sera publié aux éditions Contrejour en 1992 et ses photos exposées au journal Le Monde, à la galerie Contrejour ainsi qu’à l’Exposition Universelle de Séville.
Collaborateur régulier du journal Le Monde, il réalise plusieurs numéros spéciaux dont un numéro sur la France qui fera l’objet d’une exposition en 1992.
Photographe indépendant, il se voit confier différentes missions par le ministère de la Culture sur les Arts Plastiques en France qui donne lieu à une publication aux éditions Autrement en 1986 et par le ministère de l’Agriculture qui le conduisent en Grande Bretagne pour l’Europe rurale et en France pour le Plan de Développement Durable.
De 1991 à 1998, il consacre plusieurs voyages à La Havane qui donneront naissance à Rue Caraïbes, un livre publié aux éditions En Vues en 1999.
De 2001 à 2016, il choisit le Japon pour élargir son travail sur l’homme dans la ville.
2006-2008, il reçoit une Commande Publique de la ville de Rochefort sur Mer.
Aujourd’hui, les images de Jean Pierre Favreau font partie des collections photographiques nationales et sont conservées par la Médiathèque du patrimoine et de la photographie.
En 2024, la ville de Rochefort lui consacre une exposition (catalogue) au Musée Hèbre en partenariat avec la Médiathèque du patrimoine et de la photographie.
Jusqu’au 18 mai.
œuvre
Du même artiste
Cap Vert, 1985-1991